Que Sera Sera, l’histoire d’un bateau

« Que Sera Sera »
C’est le nom de ce bateau échoué sur la plage de Laayoune. C’était comme si le destin lui réservait la fin dictée par son nom. Que sera sera, et ce sera sur le fin sable blanc des côtes du sud marocain.

Je contemplais perdu dans mes pensées cette majestueuse épave, l’imaginant sillonnant les courants de l’atlantique.

J’étais en compagnie de Mokhtar, un ami sahraoui passionné d’histoire et d’arts. C’est lui qui m’a fait découvrir cet endroit. Il disait: je connais un endroit et une histoire qui vont te plaire.

Nous y voici, l’endroit laisse sans voix, pour l’histoire, ça sera à vous de voir ;

Que Sera Sera est, ou était, un bateau de pêche islandais. Son équipage péchait des sardines pendant 14 mois au large des côtes de Laayoune, et les exportait.

Que Sera Sera n’était pas comme les autres bateaux, en deux ou trois mois, il a dépassé tous ses concurrents, cassant les prix, et se retrouvant seul sur place. Il faisait travailler des centaines de personnes à Laayoune, l’entreprise du nom de Fleur de Mer avait un réel impact sur la ville, des ouvriers payés à 80 dhs de l’heure, c’était du jamais vu.

Tout le monde était content, jusqu’au jour où, l’équipage disparaît, laissant le navire échoué sur le sable.

Mokhtar marque un long silence, ne pouvant accepter cette fin, je lui demande, disparu comment ? Et pourquoi ?

« Ils utilisaient les sardines pour blanchir l’argent de la cocaïne et … personne ne s’est jamais douté de rien »

Cette dernière phrase répondait à toutes les questions que je me posais, j’ai enfin compris pourquoi ils ont choisi ce nom, Que Sera Sera,. On s’en tient au plan, et que sera sera.

C’est beau, c’est ironique, c’est drôle et c’est poétique. Étrangement, j’ai beaucoup d’admiration pour cet équipage.

Amicalement, Jawhar.